Il faut croire que les écrits des grands auteurs africains, qu’ils soient classiques ou récents, passent particulièrement bien des pages aux planches. J’avais déjà parlé de l’adaptation au théâtre de Verre Cassé, d’Alain Mabanckou, et brièvement évoqué celle des Bouts de bois de Dieu, de Sembène Ousmane (aller voir chez Gangoueus pour plus de détails). Ce mois-ci, deux autres écrivains sont mis à l’honneur sur les scènes parisiennes : le Malien Amadou Hampâté Bâ (1900-1991) et l’Ivoirien Ahmadou Kourouma (1927-2003).
Au théâtre des Bouffes du Nord, Eleven and Twelve est une pièce mise en scène par Peter Brook et adaptée de Vie et enseignement de Tierno Bokar (1957), un livre dans lequel Amadou Hampâté Bâ raconte « l’histoire extraordinaire » du « sage de Bandiagara » – maître spirituel de l’auteur qu’on rencontre par ailleurs dans Amkoullel, l’enfant peul (1991).
Le metteur en scène britannique avait déjà tiré un premier spectacle du livre d’Amadou Hampâté Bâ : en 2004, le théâtre des Bouffes du Nord avait ainsi présenté la pièce Tierno Bokar. Eleven and Twelve en est le prolongement, qui raconte une querelle religieuse entre deux sages de l’islam, avec pour décor une Afrique bouleversée par un colonialisme qui se plaît à jeter de l’huile sur le feu des luttes intestines.
Pour Peter Brook, « ce thème éclaire plus que jamais une question qui concerne aujourd'hui le monde entier : la violence et l’intolérance. Le théâtre doit être très proche de nous pour nous concerner et très inattendu pour éveiller notre imagination. Tierno Bokar réunit ces deux conditions. »
Jusqu’au 19 décembre, au théâtre des Bouffes du Nord.
37 bis, boulevard de la Chapelle – Paris-10ème.
De 10 à 26 euros.
Le spectacle est en anglais, mais surtitré en français.
Plus de détails sur le site du théâtre des Bouffes du Nord.
Le deuxième rendez-vous du mois a lieu au théâtre du Lucernaire. Il s’agit de la pièce Allah n’est pas obligé, « farce carnassière » mise en scène par Laurent Mauriel et adaptée du roman du même nom publié en 2000 par l’écrivain Ahmadou Kourouma. Deux comédiennes y portent la parole du jeune héros, Birahima, enfant-soldat embarqué dans le « bordel au carré » des guerres de Sierra Leone et du Liberia. Histoire pleine d’humour et pourtant tellement monstrueuse, Allah n’est pas obligé décortique l’effet boule de neige et cyclique des guerres civiles en Afrique, sans imposer aucun moralisme au public.
Jusqu’au 3 janvier 2010, au théâtre du Lucernaire.
53, rue Notre-Dame-des-Champs – Paris-6ème.
De 10 à 20 euros.
Plus de détails sur le site du Lucernaire.
J'aime beaucoup l'écriture de Kourouma. Voir son oeuvre sur les planches peut être une bonne idée. Merci de l'information.
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