L’intrigue ne pèse pas bien lourd. Tels des astres éteints (2008) met en scène trois personnages, Amok, Shrapnel et Amandla, qui vivent dans l’intra muros d’une grande ville d’Europe – on pense évidemment à Paris – et se débattent avec leur identité, noire. Ceci étant dit, il ne se passe pas grand-chose qui permettrait de résumer la trame du roman.
Si l’intérêt de Tels des astres éteints n’est donc pas à chercher dans la non-histoire qui y est racontée, il réside par contre dans la façon de la raconter. Léonora Miano prend prétexte des errements intellectuels de ses personnages pour explorer différentes attitudes, différentes façons de vivre sa négritude et son rapport à l’Afrique – jamais nommée ainsi dans le roman – pour des Noirs en Europe.
Amok est issu de la classe dirigeante et aisée d’un pays d’Afrique corrompu. Une origine – sociale – qu’il a choisi de fuir en s’exilant en Europe. Peu à peu, il s’enferme dans l’abattement, l’atonie et la soul music, sans corrompre ses rêves de justice, mais sans rien faire non plus pour leur donner vie.
Shrapnel, son ami d’enfance, moins favorisé, a vu l’arbre centenaire de son village natal abattu par la braderie des terres dans lesquelles il plongeait ses racines. A son tour, il a gagné l’Europe à la recherche de la clé qui lui permettrait de comprendre ce qui a pu fonder la prétendue domination de l’Occident sur l’Afrique. Sur place, il rêve sur fond de hip-hop d’un peuple noir uni de l’Afrique aux Amériques.
Enfin, Amandla a grandi dans un territoire d’outre-mer ; sa mère l’a élevée dans l’adoration de « Kemet », la Terre Mère, celle des pharaons noirs d’Egypte. C’est la plus radicale des trois : elle anime des réunions « kémites » et nourrit le rêve – l’utopie ? –, l’espoir – forcément déçu ? – d’un retour au pays natal.
A travers ces trois portraits, Léonora Miano nous parle d’une Afrique dont les enfants exilés cherchent par différents moyens à redorer le blason, à combattre la honte d’être issu d’une terre aux allures de continent déchu. Cette réflexion, aux airs de manifeste lorsqu’elle est évoquée par le biais de Shrapnel ou Amandla, cette plongée dans le passé et le présent des mouvements identitaires noirs, fait la force de Tels des astres éteints. Mais aussi sa faiblesse : comme je le laissais entendre plus haut, il est dommage – à mon goût – que le fil narratif du roman ne soit pas assez épais pour nous mener sans peine jusqu’au bout de ces 400 pages de dissertation romancée.
Tels des astres éteints
de Léonora Miano
Plon, 2008
409 p., 20 euros
Pour aller plus loin que ce bref résumé, je vous recommande la lecture du décryptage qui est fait de Tels des astres éteints sur le site de Léonora Miano. Ou les chroniques des blogs Dom-Art Livres et Affinités éclectiques.
Très belle critique très proche de ce que j'ai déjà lu sur le web au sujet de ce roman.
RépondreSupprimerJe tiens également à saluer votre blog, bien construit avec un angle d'attaque qui me passionne.
@ bientôt,
Je vais totalement dans le sens de Gangoueus pour le Blog.
RépondreSupprimerDécidément rien ne m'encourage à plonger dans ce roman d'une écrivaine pourtant prometteuse mais qui a déçu de nombreux lecteurs.
Hervé.
Merci Hervé. C'est vrai que j'ai été déçu par ce roman. D'après ce que j'ai lu, les précédents sont écrit dans une veine différente, plus attractive - et peut-être plus classique aussi. J'ai l'impression de ne pas avoir commencé à lire Miano par le bon bouquin, du coup j'hésite à lire les autres...
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